Friday, 19 February 2010

Sydney, suite et fin

Bonjour tout le monde

Désolée, toujours pas de photos rajoutées au précèdent récit. Et là je me rends compte que je me suis plantée de carte mémoire, donc je ne peux même pas illustrer mes histoires...

Vous noterez l'irruption soudaine d'accents partout dans mon texte. Ça doit etre un vrai bonheur à lire pour vous! J'écris à 2 à l'heure à cause du clavier qwerty.

Il y a Alain Souchon qui chante qu'on nous Claudia Shiffer et qu'on nous Paul-Loup Sulitzer à la radio.

mmmh... Je me sens en France mais en même temps très, très loin de la France. Et oui, vous l'avez deviné, on est bien arrivés à Nouméa. J'ai encore du mal à le croire moi-même.

Depuis que je suis née, j'ai toujours entendu plein d'histoires merveilleuses sur la Calédonie. Papa y a vécu pendant 3 ans quand il était petit, y est retourné avec Maman pour leur lune de miel, même mes arrières grands-parents y sont allés, tellement on leur a dit que c'était le paradis sur terre là-bas.

Ça m'a fait tout drôle de marcher là où ma famille a marché il y a quelques décennies. Loin de tout.

Hier soir, on a regardé des Kanaks chanter et danser. C'était excellent. Puissant et heureux comme son.

D'un coup, en les regardant, je me suis mise à pleurer comme une madeleine. Va comprendre!

Peut-être que c'était parce qu'ils chantaient vraiment avec le coeur. J'ai adoré.

Bon bref, comme on part pour l'Ile des Pins demain matin camper (puis Iles Loyauté), je ne pense pas qu'on aura accès au net, donc je voulais me dépêcher d'écrire mes impressions sur le séjour à Sydney. Ça aide à tourner la page aussi...

Comment résumer? C'était vraiment parfait comme séjour. On a habité chez Florie et Ben pendant presque deux semaines. Un vrai bonheur.

Je pense qu'on avait bien besoin de leur compagnie et de ce petit nid pour revenir à la réalité d'une grande ville comme Sydney.

Au début, on a pas mal erré dans New Town, un quartier avec plein de cafés funky et de magasins éclectiques, pas loin de chez eux.

Pour le jour de congés, Florie et Ben nous ont amené balader autour de Bondi Beach. On a fait une marche de quelques heures le long de la cote. C'était bon de respirer la mer, et de se remplir les yeux de toutes ces couleurs turquoises-marines.

Bon, tout compte fait il est déjà presque 14h. Faut qu'on aille acheter nos billets de ferry pour demain matin et qu'on appelle le cousin de ma grand-mère, qui habite ici pour aller prendre un pot avec lui et qu'il nous donne quelques conseils.

Et faut qu'on mange aussi... Je vais devoir remettre mes histoires à plus tard.

Je vous envois plein d'ondes solaires du pacifique.

bisous bisous

emmeline-qui-n'a-jamais-été-aussi-loin-de-sa-vie!

Wednesday, 10 February 2010

Melbourne - Vipassana - Sydney

G'day mate!

Nous voila a Sydney. Je suis assise dans la chambre de Florie et Ben, chez qui on reste jusqu'a notre depart d'Australie. Je suis trop contente de les revoir, apres 5 ans!! C'est comme si on reprenait une conversation d'il y a deux jours. Un vrai bonheur de continuite de notre amitie.

Pendant ce temps, Mister Sri joue du Peter Gabriel sur la guitare de Ben, dans le salon.

Mais avant d'elaborer sur Sydney, il me faut comme toujours remonter dans le temps, pour remettre les archives a jour.

Il y a quelques semaines, a l'aeroport de Bangkok, on a retrouve Zara, alias Boodle. C'est une pote a moi - ex Editeur en chef de Climate Change Corp dans ma boite - qui arrivait juste de Birmanie avec une copine, et s'appretait a s'envoler pour Krabi, pour y faire de l'escalade.

Pourquoi Boodle? Ben parcequ'en fait son frere (ainé!) aime bien inventer des mots. Un peu comme le mien de frere (voir 'ndz', 'téchéwéné' ou encore 'jatte', a utiliser au meme titre que 'schtroumph' et j'en passe!). Et donc un jour son frere commence a mettre le mot 'boodle' partout dans ses phrases.

Elle lui dit: 'C'est quoi boodle?' et il lui repond: 'Ben tu sais, boodle, quoi.'

Ca m'a tellement fait rigoler que depuis je l'appelle Boodle ou Boodlette. Et du coup, Sri et moi l'attendions a l'aeroport avec un carton ou on avait ecrit 'Mrs. Boodle', qui l'a fait exploser de rire quand elle nous a vu.

Ca m'a fait tout bizarre de retrouver quelqu'un qui appartient a ma vie Londonienne, apres tout ce temps a vadrouiller. On s'est pris un pot ensemble a l'aeroport avant qu'elle ne s'envole pour Krabi et qu'on parte pour Sydney.

Elle nous a raconte qu'apparemment les ONG en Birmanie ne savent pas trop s'y prendre. Elle a rencontre quelques representants a la tete de projets sur place. En general, c'est des ptits jeunes businessmen qui ne conaissent pas vraiment les besoins des tribus locales.

Ils construisent des ecoles et des hopitaux, mais du coup, les tribus oublient completement comment se soigner avec les plantes du coin, comme leurs ancetres le leur avaient enseigne, et se mettent a dependre de l'aide medicale de l'ouest. Ils ne sont plus autonomes.

Et pour l'education, ces ecoles occidentales poussent les nouvelles generations a vouloir aller a la ville et ressembler aux jeunes de l'Ouest. Le resultat c'est que ces tribus disparaissent, et leur patrimoine avec.

Quand Zara a demande aux representants de ces ONG si ces hopitaux/ecoles avaient ete construits a la demande des tribus, ils ont repondu que non, non, mais qu'en gros, eux ils savent ce qu'il leur faut a ces gens.

Je me demande comment quelqu'un qui debarque de l'ouest peut savoir ce que les tribus des montagnes Birmanes necessitent, sans avoir au moins un dialogue preliminaire...

Apparemment, ces tribus n'etaient pas specialement dans la misere. Ils vivaient tous de leur agriculture locale jusque la. Ils etaient autonomes quoi.

Je pense que les ONG font du super bon boulot autour du monde mais la pour le coup, c'est a se demander si le travail de l'ONG n'etait pas juste d'apaiser la conscience occidentale...

On construit une ecole pour construire une ecole.

Mais bref. Je ne connais pas toute l'histoire non plus.

A peine avait-on pose le pied a l'aeroport de Sydney qu'on re-decollait deja pour Melbourne, ou on a passe notre premiere semaine Australienne.

Quel drole de feeling. Les premiers jours, en plus de la baffe du decalage horaire, on s'est aussi pris la baffe du decalage culturel. On a debarque a Melbourne sans reservation d'hotel ni rien, ayant pris l'habitude de vivre au jour le jour, a l'Asiatique, quoi!

Et la d'un seul coup, on nous dit qu'il y a l'open de tennis qui arrive, que c'est l'ete, ya plein de touristes partout, il faut reserver au moins deux jours a l'avance.

Heing? Deux jours? On sait deja pas ce qu'on va faire dans une heure alors deux jours...

Bref, on a quand meme reussi a se trouver un hotel raisonnable a force de chercher. Il etait pas loin du joli marché de Victoria.

Les premiers jours, on a fait que deambuler dans les rues, a absorber le choc. On a eu l'impression d'etre a Bristol, ou des fois a Londres, ou quelque part en Europe.

C'etait tres etrange, un peu comme si on revenait dans le temps, ou a la maison, ou les deux.

Je me souviens qu'a ce moment la, l'Asie me manquait tres fort. Un peu comme si je m'en etais arrachée sans avoir fini ce que j'etais venue y faire.

Mais en meme temps, d'etre a nouveau dans un monde occidental, ou tu peux te brosser les dents avec l'eau du robinet, revasser dans des cafés en grignotant du pain grillé, passer des heures dans les librairies, se vautrer dans les parcs, c'est pas mal aussi!

C'est d'ailleurs ce qu'on a fait pendant les premiers jours, vu notre etat de larves. Et puis il y avait quelque chose de tellement familier a etre la, qu'on s'est pas sentis obliges d'aller voir tous les trucs de touristes.

On etait contents de juste exister dans ce monde anglo-saxon qu'on connait bien. Comme si on y habitait.

On est meme alles au cinema, quel luxe apres 5 mois sans! On a vu Avatar en 3D au Imax. Je ne sais pas si c'est parcequ'on etait affamés de ciné, mais on a trouvé ca vraiment spectaculaire.

On a repris contact avec nos potes Australiennes qu'on avait rencontre au Tibet. Fiona (voir photo pres de Everest base camp) nous a retrouves dans un petit café qui fait les meilleurs cupcakes du monde (selon moi!). Tout juste sortis du four. Moelleux et fondants, avec un glacage au chocolat ou a la vanille... miam.

Magawet je pense que tu aurais particulierement adoré, vu ta passion pour ce gateau du paradis!

Malgré les 3 mois qui venaient de passer, apres l'intense voyage au Tibet que l'on avait partagé, c'etait comme si on s'etait vus la veille. Pas de pointillés. On etait tout contents de se raconter nos aventures respectives, le tout amplifié par le sucre des cupcakes, qui nous rendait encore plus hilares!

Elle nous a fait explorer son coin prefere de Melbourne, juste a cote de Flinders Lane. Des grandes rues pleines de chaines de magasins, on est passes a des petites rues anciennes, cachees sous des arcades, ou il y a du bon fish and chips, des vieux magasins de chocolats, du café etc...

C'etait bon de se laisser guider par une locale, de decouvrir tous ces petits coins cachés qui donnent a la ville un autre visage.

Elle nous a invite un autre soir chez ses parents, ou on s'est bien petes le bide. Je me suis sentie honoree de diner chez des locaux! Meme si l'Australie nous est plus familiere a cause de ses liens a l'Angleterre, j'ai pas pu m'empecher d'avoir l'excitation de la touriste qui va voir ce qui se passe dans les coulisses d'un pays etranger.

Le weekend, Fiona nous a embarque pour une petite ballade dans la campagne autour de Melbourne, sur des routes ombragees qui traversent plein de vignobles magnifiques. On a retrouve Michelle, une autre pote du Tibet, avec qui on a bien rigolé.

La pluie s'est mise a tomber juste apres notre lunch, et je me souviens du parfum puissant des eucalyptus qui s'est mis a flotter dans l'air, melee a l'odeur de terre mouillee...

Il y avait quelque chose d'unique a ce melange. Une odeur australienne.

Apres notre semaine de retrouvailles a Melbourne, on est partis pour la Tasmanie.

On a loué une voiture et je suis fiere de vous dire que je ne suis plus vierge de la conduite a gauche. Le pauvre Sri s'accrochait a sa portiere, vu que je serrais a gauche comme une malade au debut.

Je vous promets, je n'ai pas explosé la voiture. Elle est revenue intacte a Hobart, miraculeusement. Sri s'est meme endormi a moment donné, ce que je prendrai pour un compliment!

On a donc fait la cote Est de la Tasmanie, au son de 'Hamish & Andy' a la radio (deux mecs de notre age qui racontent plein de blagues - Fiona m'a fait decouvrir ca au Tibet), et du CD de country de Duke, alias notre pote du Montana.

On est partis de Launceston, on est descendus sur St Helens ou on a deguste le meilleur fish and chips de notre vie! Le poisson etait tellement frais qu'il fondait presque dans la bouche. mmmmh...

De St Helens, on a pu aller explorer la 'Bay of Fires', avec des plages enchanteresses de sable blanc et des rochers rouges.

On a fini par s'installer plusieurs jours a Bicheno, qui est proche du parc national de Freycinet. On a trouve une petite auberge sympa et pas chere. C'etait un peu comme un appart avec les chambres qui donnent toutes sur le salon et la cuisine a l'americaine.

Un peu comme l'appart de Monica dans Friends. Donc tres convivial.

Le proprio est un rastaman tres sympa, de notre age, qui vient juste d'avoir un bebe. Il a un chien qui a lui aussi plein de petites rastas blondes.

J'ai adore avoir a nouveau une cuisine et faire notre propre bouffe! Nos colocs etaient tous adorables et ouverts. On a passe pas mal de temps a tchatcher avec un couple et leurs deux enfants.

En bons Australiens, ils ont tous les deux bien voyage quand ils etaient plus jeunes. Et on a passe des soirees a ecouter Roz nous raconter ses fascinantes aventures en Inde. Ca nous inspire beaucoup, forcement!

Elle dit que quand les deux garcons seront plus grands, ils reprendront la route, comme nous. Je me demande si on sera comme eux, dans 15 ans.

On a fait une journee de rando a Freycinet. On a traverse des forets d'eucalyptus et de pins, et on est descendus jusqu'a Wineglass Bay. LA plage qui tue! C'est une reserve naturelle et donc tout est reste pur et intact.

Encore une superbe plage de sable blanc et d'eaux turquoises, au bord de la foret, loin de tout, avec l'ennivrante odeur d'eucalyptus et d'ocean.

Ceci dit, il y avait beaucoup de vent donc on ne s'est pas baignes ni rien. Mais quelle beaute... Digne d'une pub! On est restes assis la un bon moment, a absorber ce paysage paradisiaque.

Sur le chemin du retour, je me souviens qu'on etait en plein milieu d'une longue conversation et d'un coup on est tombes sur un ptit wallabi tout mignon qui grignotait des herbes au bord du chemin.

Je l'aurais bien mis dans mon sac et ramene a la maison, je vous le dis!

Apres ca, on a decide de marcher en silence, pour ne rien rater, et on a vu plein d'autre wallabis qui se balladaient tranquillement, a deux pas de nous, comme si on etait pas la.

Et puis le temps est venu pour nous de reprendre la route pour Hobart d'ou on prenait notre avion le lendemain. On a dit aurevoir a nos colocs. C'est fou a quelle vitesse on peut s'attacher a un chez soi et a des gens.

Cette auberge avait vraiment une qualité familiere, nourrissante et hospitaliere...cozy. Parfait pour des voyageurs tout le temps en vadrouille comme nous!

Le lendemain, c'etait Australia day, jour ferie pour les Aussies.

Fiona nous a recupere a l'aeroport de Melbourne et on est alles retrouver Michelle a Philip Island, ou elle a une trop belle maison de vacances (c'est celle de ses parents) sur la plage.

On est alles voir des petits koalas dans une reserve. Trop chous! Puis on s'est ballades sur la plage avec Rudi, le chien de Michelle. Je me suis mise a courir avec le chien comme une deratee. Je m'entends rarement bien avec les chiens, mais celui la etait vraiment adorable.

Michelle m'a dit qu'elle nous verrait bien avoir un chien quand on s'installera. Tiens, c'est nouveau ca!

Le soir, on s'est faits un barbeque (ou 'barbie' comme dirait Michelle) sur la terrasse, avec vue sur la mer. Le pied total!

Et le soir, les filles nous ont amene voir les petits pinguouins sortir de l'ocean. Tu t'asseoies sur les marches et c'est comme si tu etais dans un theatre, face a l'ocean, et les pinguouins arrivent de nulle part et commencent a sortir en groupe.

Mais il suffit qu'il y en ait un qui fasse marche arriere et tout le peloton fait demi-tour et retourne dans l'eau, ressort, retourne nager, ressort. Et petit a petit, quand il fait nuit noire, des dizaines et des dizaines de minuscules pingouins sortent enfin courageusement et partent pour les landes et s'installent dans leurs nids sur terre.

Et c'est comme ca tous les soirs apparemment. Ils sont regles comme des horloges.

Apres avoir observe le 'spectacle de l'ocean', on a serre Michelle dans nos bras, dit aurevoir a Rudi et on est repartis pour Melbourne avec Fiona.

On est arrives a presque minuit en ville, un peu dans le paté. On a dit aurevoir a Fiona et on est montes a l'auberge.

Drole d'endroit. La porte de l'ascenceur s'ouvre sur une salle pleine de gens vautres sur les canapes avec une biere a la main, qui papotent joyeusement.

On entend les Beatles dans le fond.

Impression qu'on vient d'arriver a une fete etudiante. Dans les annees 60.

On passe devant une femme habillee comme une hyppie 'flower power', et derriere le comptoir de la reception on trouve un mec avec des cheveux boucles enormes, dignes de Led Zeppelin, tout mince avec une petite chemise noire et un pantalon noir pres du corps.

Sur le moment, je me rappelle que je me suis dit que c'etait peut etre une fete deguisee et qu'il s'etait habille en star des annees 60.

Et la je me rends compte que le mec est en fait le receptioniste, et qu'il n'y a pas de fete deguisee... On nous donne notre cle et on reprend l'ascenceur. Un homme arrive avec sa biere et nous demande si on descend.

On lui dit non non, on monte. Il dit, ah tant pis, profitez bien alors! avec un grand sourire.

Le lendemain, Sri est parti tres tot le matin pour aller prendre son vol pour Sydney, pour suivre un cours de meditation vipassana de 10 jours, dans les Blue Mountains.

Je m'appretais a faire le meme cours, a une heure de Melbourne. (On nous avait conseille de ne pas etre dans le meme centre, pour ne pas nous distraire)

Mais comment allions-nous survivre 10 jours sans nous voir, apres avoir ete glues l'un a l'autre pendant 5 mois 24 heures sur 24?

Bon, je vous rassure, on a survecu!

Comment resumer ce cours?

Pour la plupart des gens, la vie se divise en deux tas. Le tas des choses qu'on aime, auxquelles on a tendance a beaucoup s'attacher; et le tas des choses qu'on aime pas, dont on a horreur et qu'on a tendance a eviter a tout prix.

Donc en gros, notre vie est un peu comme des montagnes russes. Notre moral est sans cesse affecte par ce qui nous arrive de l'exterieur.

Chaque reaction que l'on a dans la vie, se manifeste dans le corps par une sensation. Et on associe ensuite cette sensation a telle ou telle reaction mentale. Genre par exemple, la peur qui se traduit par les mains moites, estomac noue, froideur etc...

L'idee de ce cours de meditation, c'est d'observer notre corps et de laisser se manifester toutes nos sensations, sans y reagir.

On apprend ainsi a vivre l'equanimite dans notre corps. En laissant couler nos sensations sans reagir, on accepte et laisse aussi couler les tensions mentales associees a ces sensations, et on devient plus zen de l'interieur.

On accepte mieux la realite telle qu'elle est, en reagissant de facon moins disproportionee a tout ce qui nous arrive.

Et puis on se sent de plus en plus responsable de notre propre bonheur.

Pour participer a ce cours, on accepte de ne pas parler pendant 10 jours, de manger vegetarien, de ne pas tuer, ne pas mentir (facile quand tu parles pas!), ne pas avoir de relations sexuelles, et je crois que c'est tout.

Niveau bouffe, on a deux bons repas, mais pas de diner. Juste quelques fruits vers 17heures pour les nouveaux eleves, et de l'eau chaude avec du citron presse pour les anciens (comme moi).

Les femmes et les hommes vivent dans des bungalows separes.

Le cours est gratuit et se fait par charite. Donc apres les 10 jours, ceux qui considerent que ca valait le coup, peuvent faire un don.

J'avais deja pris ce cours une fois l'an dernier, et j'en etais ressortie completement heureuse de vivre et avec beaucoup de paix a l'interieur.

Je me souviens de deux moments qui m'ont marque pendant ce premier cours de l'an dernier.

Le premier, c'etait le matin du sixieme jour, pendant une heure de cours ou on doit rester assis en essayant de ne pas bouger, j'ai reussi pour la premiere fois a rester immobile pendant toute l'heure.

Mais alors vers les 10 minutes de la fin, j'avais des douleurs pas possibles dans les jambes et je resistais l'envie de bouger. A moment donne, je visualisais carrement mes jambes comme illuminees par un neon rouge, tellement la douleur etait forte.

Et puis petit a petit, je me suis mise a observer ma douleur, et c'est devenu beaucoup plus faible, juste de la chaleur. Mais toujours douloureux. Et je me suis sentie me relacher, et me dire que j'en avais marre de resister.

Et d'un coup, pouf! plus de douleur.

A la fin de l'heure, je me leve. Normalement mes genoux craquent, j'ai des courbatures partout. Et la, rien. Ma douleur avait completement disparu. Je marchais sur un nuage!

L'apres-midi, a nouveau pendant une heure de meditation ou on pratique l'immobilite (si possible), je me dis c'est bon, je gere, apres le miracle de ce matin. Mais evidemment, j'ai eu mal et j'ai dut bouger.

Et a moment donne, un homme a l'autre bout de la salle pete. Alors juste pour mettre tout ca en contexte, pendant cette heure de cours, tout le monde est tellement comme des statues, qu'on entend les mouches voler.

Plus de 100 personnes, assises comme des statues du bouddha, les yeux fermes. Et pas un bruit, pas un mouvement.

Alors ce pauvre mec pete, et la j'entends une fille pas loin de moi qui se met a pouffer de rire. Forcement, apres 5 secondes, je commence a me mordre la levre, tellement j'ai envie de rigoler.

J'essaie de continuer a rester zen mais ca marche pas! Je pouffe et je pouffe. Je transpire des litres d'eau. Je suis pliee en deux a essayer de me calmer mais rien.

Et la, j'entends le prof qui dit 'Work seriously!'. Et la c'etait la goutte d'eau.

J'en pouvais tellement plus que je me suis levee, et je suis partie de la salle en courant, histoire de ne pas plus distraire mes pauvres camarades.

J'ai lache un hurlement de rire des que j'ai ferme la porte derriere moi. Et apres j'ai rigole comme une taree pendant au moins 20 minutes dehors.

Une vraie folle.

A chaque fois que j'allais pour re-rentrer dans la salle de meditation, je me remettais a me marrer toute seule. Donc j'ai fini par aller mediter sur mon lit.

Une des assistantes est venue me chercher, et j'etais encore en train de rigoler toute seule!

Je lui ai dit que je preferais finir de me vider sur mon lit plutot que de detruire la concentration de la salle.

Et je me souviens qu'a la fin des 10 jours, je suis passee devant plein de gens qui parlaient de la fille qui etait partie de la salle au 6eme jour.

On m'a raconte plus tard que quasi toute la salle etait au bord de la crise de rire.

Bref, ca vous donne une idee de comment une pipelette comme moi a essaye de gerer la regle du noble silence pendant mes premiers 10 jours!

Mais donc cette fois ci, miraculeusement, je ne me suis pas mise a rigoler comme une malade!

Je me rappelle que le premier jour de meditation, j'etais vraiment crevee. (Oui parcequ'en plus il faut se lever a 4:20 du mat tous les jours!) Et donc j'etais un peu dans un etat entre reve et realite.

Je me rappelle que mon cerveau produisait des tonnes et des tonnes de pubs, de films, de series tele... completement inventees!

J'avais presque envie de rigoler tellement c'etait delirant. Aucune de mes pensees n'avait a voir avec mes souvenirs ou des situations que je connais. Je n'ai aucune idee d'ou toutes mes histoires me venaient...

Une vraie usine la dedans!!

Ma tete etait un peu comme une piece sombre, avec une grosse tele allumee en permanence, et en face, un canape avec dessus un singe fou qui change de chaine toutes les 5 secondes.

Le lendemain, toujours un gros tourbillon de pensees quasi constantes, mais cette fois, c'est plutot des choses que j'ai vecu ou des hypotheses sur ma vraie vie. Je me suis dit ah ouf, je suis moins dingue qu'hier.

Et chaque jour, les pensees se sont dissipees un peu plus vite, et j'ai ete de plus en plus concentree sur la technique de meditation.

Vers la fin, j'ai remarque que toutes mes pensees avaient a voir avec l'amour, l'envie d'aider machin ou bidule, le bonheur etc...

Je me souviens qu'un jour, on avait subi une chaleur pas possible parceque pas d'air conditionne dans la salle, et d'un coup, un gros orage a explose et les gouttes d'eau se sont mises a tomber tres fort sur le toit en tole.

J'ai adore.

Et quand on est sortis du cours ce soir la, le soleil se couchait et il y avait deux enormes arcs-en-ciel et tout le monde souriait, comme si c'etait la 8eme merveille du monde.

J'ai aussi note pour la deuxieme fois qu'on peut avoir des affinites avec des gens sans jamais leur avoir parle.

Il y a des gens qu'on aime bien naturellement. Dur a definir pourquoi. J'aime bien toutes mes colocs. Je les ai trouve tres inspirantes.

Le 10eme jour, on a le droit de parler et j'ai donc enfin pu discuter avec mes colocs, et elles se sont toutes revelees etre adorables, comme je me l'imaginais.

Fiona est venue me chercher le dernier jour et on est allees manger dans un delicieux cafe avec sa mere. Je me suis delectee. Et ca m'a fait super plaisir d'avoir ce petit lunch entre filles avant de retrouver Sri.

Fi m'a amene a l'aeroport et on s'est promis de s'ecrire des lettres.

J'ai retrouve Sri a l'aeroport. Le bonheur apres 10 jours sans lui!!

Son experience de la meditation ne s'est pas super bien passee par contre. Il est parti au 7 eme jour. Notamment, le concept d'equanimite comme source du bonheur le derange.

C'est vrai que si on arrete de reagir a tout, meme la joie, qu'est ce qu'il nous reste?

Je me suis souvenue que le pere de Sri m'avait dit l'an dernier qu'il fallait qu'on arrete de trop reflechir a toutes ces histoires de qui suis-je ou vais-je ou cours-je et qu'on vive notre vie. Et que ces reflexions etaient reservees aux personnes plus agees, celles qui avaient vecu.

C'est vrai que cette technique de meditation est quand meme tres monastique, et donc, si on s'y lance a fond, on renonce a la vie en societe, comme des moines quoi!

Patanjali, un yogi d'il y a tres tres longtemps, avait liste les etapes que l'on doit idealement traverse dans notre vie, si on veut atteindre le nirvana.

Et la meditation se situe dans la 7eme etape!! Avant ca, il faut etre pur de corps et d'esprit, suivre une bonne ethique de vie, maitriser les asanas de yogas, les exercices de respiration, etc...

Et seulement une fois qu'on a fait tout ca a fond, peut-on se considerer pres a tenter l'exercice de meditation...

On a un peu brule les etapes.

Donc, on a decide de d'abord essayer de faire du yoga tous les jours et de manger sain et apres on verra!

De mon cours de vipassana, je retire des envies de faire le bien autour de moi, plein d'amour et beaucoup de paix.

Mais je ne suis pas encore prete a etre un bouddha!

oups il est deja presque 19 heures. J'ai rendez-vous avec une pote de Londres dans pas longtemps.

Je file.

Je posterai les photos de tout ca + le reste de nos aventures a Sydney tres bientot.

Gros bisous bisous a tous et a bientot!

Emmeline