Thursday, 20 May 2010

Fin de Patagonie et debut du Pérou

Hola a todos,

J´ai écrit mon dernier blog confortablement attablée au Librobar de El Calafate. Merveilleux petit café/bar tout en bois, à l´étage, avec des livres partout et des citations célèbres sur les murs. Je vous le conseille si vous voulez un bon ptit maté avec une tranche de délicieux gateau, au chaud, pendant qu´il caille dehors...

On a donc quitté El Calafate le lendemain tot. Et après 5 heures de routes caillouteuses dans les steppes désertes, on est arrivés à Puerto Natales. De retour au Chili donc...

Je précise qu´El Calafate, c´est déjà la Patagonie mais c´est encore bien developpé et très touristique donc on se rend pas trop compte qu´on est au bout du monde. Mais Puerto Natales, c´est vraiment le petit village paumé, loin de tout.

On a posé nos sacs à La Isla Morena, un petit B&B cosy avec mini bibliothèque, guitare, cuisine - et surtout - un poele à bois.

Puis on a un peu exploré le village. Les lourds nuages gris se sont levés en un violent coup de vent, et on a marché le long du lac, dans la lumière éclatante de Midi en Patagonie.

J´étais pliée en deux à cause du vent puissant qui nous a accompagné partout. La femme du proprio du B&B - Paula - m´a expliqué que les gens d´ici marchent toujours la tete baissée, meme si le vent ne souffle pas.

C´est devenu une habitude! Le vent fait partie du paysage. Souvent, il souffle a plus de 100 km/h et produit des hurlements inquiétants mais personne ne bronche. C´est la norme.

Le village était presque désert, à part quelques chiens et chats errants. Les gens sont très chaleureux, toujours le sourire aux lèvres quand ils nous parlent. Je me rappelle m´etre extasiée devant les chatons (et oui, toujours eux) d´une dame qui tenait un petit magasin.

Je venais juste lui demander l´heure mais elle nous a fait entrer et on a papoté un bon quart d´heure, en calinant les ptits chats. C´est une sauveuse de chats. Ils viennent tous dans son jardin. Elle en a donné plus de 18 en un an.

Le temps a été hivernal pendant notre séjour ici mais on en a profité pour boire beaucoup de thé et manger des biscuits au coin du feu.

Et puis comme Paula était au B&B pour la semaine, on a pu l´écouter nous raconter les histoires de son enfance ici. Notamment qu´elle avait l´habitude de piquer des oeufs à ses grands-parents pour les revendre à ses potes. Son grand-père était aveugle et avait ´ses´ poules et la grand-mère les siennes.

´Papi, Comment tu sais que c´est tes poules?´
´Oh, au toucher, je sais que c´est les miennes!´

Donc elle piquait 3 oeufs à chacun de temps en temps. Le papi allait engueuler sa femme et lui demandait où étaient ses oeufs.

´Mais non, c´est toi qui m´a piqué trois oeufs!´

Bref, au bout d´un moment, ils ont fini par se rendre compte du manège de Paula.

Meme maintenant, elle dit qu´elle aimerait bien s´acheter un van et peindre un coq dessus et vendre des oeufs, parceque c´est un bon business ici. Sa soeur, beaucoup plus ´femme traditionelle´ du coin, mariée avec des enfants déjà à l´époque, lui disait qu´elle était folle, et quelle honte de se ballader avec un van et un coq jaune dessus! (et qu´elle ferait mieux de se trouver un mari)

Paula a toujours été très indépendante, et différente de ses copines qui voulaient toutes etres casées et fonder une famille dès qu´elles ont eu 20 ans.

Elle m´a aussi raconté qu´elle avait passé une année type Erasmus en Espagne. Elle s´y était très vite sentie chez elle. Elle avait été tout de suite adoptée par un groupe d´amis Espagnols locaux.

Pendant cette année, elle a senti son intuition se décupler. Elle m´a dit que c´est comme si elle se balladait avec le troisième oeil ouvert tout le temps. Selon elle, c´est le fait d´etre soudain exposée à tant de soleil qui lui a donné cette facilité. Elle se sentait chez elle.

Elle s´est mise a lire le tarot à ses potes et tout ce qu´elle prédisait se manifestait systématiquement, de manière presque inquiétante, tellement c´était précis.

Elle avait meme eu des visions, sur quelqu´un dans la rue, qu´elle ne conaissait ni d´Eve ni d´Adam, et l´a aidé dans un choix qu´il avait à faire!

Au bout d´un an, elle a senti qu´elle avait besoin de retourner au ´nid´ Chilien. Dès l´instant où elle est rentrée, elle n´a plus eu le ´don´ de voyance. Elle a rencontré son mari et a eu une petite fille...

En l´écoutant me raconter ses histoires, j´avais l´impression d´etre dans un roman de réalisme magique d´Isabel Allende (genre La Maison des Esprits, avec une des filles qui nait avec les yeux jaunes et les cheveux verts).

Pas besoin de lire d´histoires inventées. La légendaire magie du Chili est bien là.


Enfin bref, il a fallu se rendre à l´évidence que l´on allait pas faire 4 jours de rando dans le mythique Parque Nacional Torres del Paine vu les bourrasques de vent et la neige. Mais on comptait au moins le voir un peu. Donc on a fini par s´inscrire à une excursion d´une journée, malgré la neige et la pluie glacée - et le vent!

A l´entrée du parc, il y a une grotte préhistorique, où ont été découverts les restes d´une espèce de paresseux gigantesque (el Milodón), qui aurait disparu 10 000 ans auparavant.

Cueva del Milodón, Parc National Torres del Paine


La route qui traverse une partie du parc était quasi déserte. On a vu plein de lamas.

Pini lamas






A moment donné, on s´est arretés tout près des lamas. Je suis montée sur la colline pour ne pas trop les effrayer et je me suis accroupie pour les observer. D´un coup, je vois s´approcher quelque chose sur ma droite: c´était un renard gris et roux. Il était assis a deux ou trois metres de moi et me regardait. Sur le moment, j´ai cru que c´était un loup tellement il était grand.

On s´est regardés un moment sans bruit, sous les flocons de neige fondue, au milieu des lamas qui paissaient tranquillement. Puis le conducteur m´a rappelée à la voiture. J´étais la dernière à remonter.

Torres del Paine et moi - fait froid



J´aime bien cette photo, avec les autres touristes derrière. classique:

La Patagonie, c´est le désert, mais y aura toujours des touristes!


Un peu de lumière sur la toundra, entre deux flocons de neige


Le ´W´ des fameuses tours du Paine, se dévoilent un peu...


On est descendus voir le lac ou se finit le glacier de Lago Gray. Il y avait un vent glacé terrible.

Fin du glacier Lago Gray


Le soir, j´ai encore pas mal discuté avec Paula. Elle travaille à coté de Puerto Madryn, encore plus au sud qu´ici (Tierra del Fuego). Elle dit que chaque fois qu´elle y va (trois semaines par mois - son mari tient le B&B à Puerto Natales et s´occupe de leur petite fille), quand elle descend de l´avion et marche sur ce sol, elle sent son coeur se fermer et se durcir. Elle sent une tristesse profonde l´envahir.

Au début, elle comprenait pas pourquoi. Elle trouve les gens très malheureux là-bas, très fermés et envieux de ceux qui viennent d´ailleurs (comme elle). Elle a lu quelques livres sur l´histoire de ce coin du monde et s´est rendue compte qu´il y a eu énormément de massacres d´indigènes, au point qu´ils ont complètement disparu de la surface de la Terre de Feu.

Apparemment, à l´ancien temps, les paysans payaient avec des tetes d´indigenes!! Je n´ai pas pu vérifié cette histoire mais le fait que les gens en parlent me laissent imaginer qu´il doit y avoir du vrai à la base...

Elle dit que non seulement il y a une pauvreté économique ici, mais il y a aussi une pauvreté de coeur. Les gens sont très méfiants dans cette région, selon elle.

C´est le pays du vide. Leur histoire violente et les conditions de vie très difficiles, durcissent leurs coeurs.

Bien sur, on est pas allés jusqu´à Tierra del Fuego, donc je ne peux pas vérifier cette opinion. Mais je sais qu´elle se sent drainée par cette région et n´arrive pas à s´y sentir chez elle, qu´il y a quelque chose de lourd à supporter.

Elle y travaille jusqu´à avoir assez de sous pour acheter une maison à Puerto Natales ou elle pourra s´installer avec sa famille. Elle reve d´avoir un champ et de vivre de la terre. Marre de bosser dans une administration sans ame, me dit-elle.

On a dit aurevoir à Paula et son homme et on a pris un bus tot le matin remonter sur El Calafate, d´où ou on a pris un avion pour Buenos Aires parceque la perspective de devoir passer 50 heures dans un bus ne nous enchantait pas trop.

L´avion avait 6 heures de retard donc on est arrivés à la capitale vers 2 heures du matin. On a dormi dans une petite chambre verte et rouge à la Amélie Poulain et le lendemain on s´est installés dans une jolie auberge de jeunesse dans le centre ville.

Buenos Aires, notre chambre orange à l´auberge


Notre auberge, de l´intérieur



Vue du toit de l´auberge


Qu´est ce qu´on a fait a Buenos Aires? A vrai dire, presque rien. On était étrangement vannés de notre passage en Patagonie. Peut etre le froid nous a-t-il plus aplati que prévu. Une chose est sure, on était ravis de marcher à nouveau dans les rues sans veste et écharpe, sans subir la tempete et la neige.

Passer de 1 à 18 degrès. Que bueeeno. Mes cheveux se sont remis à gonfler et à avoir une forme, c´est dire.

Il y a quelque chose de familier à cette ville. Je m´y sens bien.

Encore un qui aime poser - no comment


Soleil en centre ville


Vers Manzana de las Luces


On a vu surtout le centre en fait, cf photos au-dessus. J´ai pas mal flané dans les librairies pendant que Sri se reposait.

Notre principale activité sur place a été de célébrer la vie par la nourriture. On se gavait tous les midis et on passait en géneral l´après-midi à s´en remettre. la buena vida...

Y la comiiiiiida, mama... ¡pero què riiiica!


Ah lala, La Cabrera. Petit resto dans le quartier de Palermo Viejo. Quel délice! Si vous aimez les viandes grillées, c´est LE resto pour y gouter. Sri a tenté les intestins grillés. J´ai pas osé mais il s´est régalé.

Et puis la viande arrive avec une dizaine de petits tapas donc inutile de dire qu´on s´est bien pétés le bide ce jour là.

Nos voisins de table, un Martiniquais et une Argentine, étaient très sympas, donc on a passé les trois heures à papoter avec eux, tout en nous déléctant.

Plaza de Mayo



C´etait la journée de la Marijuana quand on s´y est promenés, et les infos disaient qu´il y aurait une grosse célébration sur la Plaza Mayo mais on a rien vu à part des pigeons, quelques étudiants dans l´herbe et un stand pour l´armée...


On a pas fait de musées à Buenos Aires, mais on s´est pris un pot au café Tortoni, ce qui est tout comme... Tortoni est un peu comme un lieu de pélerinage historique pour certains. Dans le temps, Jorge Luis Borges venait y prendre son café et passer des heures à écrire ou bavarder avec d´autres amis célèbres. Carlos Gardel, un des danseurs de tango les plus célèbres du pays, y passait aussi pas mal de temps.

Café Tortoni




Encore un panneau qui me fait rigoler


Un dimanche après-midi, on est descendus faire un tour au cimetière de Recoleta, où se trouve notamment la tombe d´Evita (son anniversaire était la veille de notre venue au cimetière d´ailleurs). On a pas vu de tombes célèbres mais on a rencontré plein de chats.

Petit concert de vieux jazz a la Gershwin, à coté du cimetière du barrio Recoleta


L´homme de la photo était vraiment impressionant. On se serait crus dans un vieux cartoon en noir et blanc, où le petit orchestre de jazz se déchaine sur scène, entrecoupé par le rythme de cet instrument (¿¿No sé como se llama??).

Sri aime


Cimetière Recoleta



Les gardiens du cimetière, c´est pas les gargouilles ou les anges en pierre...


Pini oiseau


Quartier Recoleta, fin de journée


Il y avait un grand marché artisanal et des petits concerts par ci par la, donc on en a un peu profité.

Concert en plein air et le marché du dimanche, Recoleta


Capoeira


Et quand on a commencé a s´habituer à la ville, il a fallu s´envoler pour Lima, Pérou.

Tu sais que tu es au Pérou quand toutes les pubs pour Coca-Cola ont été remplacés par celles pour l´omniprésent Inka-Cola...

Et aussi les vendeuses m´appellent mami, nena et amiga.

On est guère restés que deux jours à Lima la brumeuse, mais on a quand meme vu le couvent San Francisco au passage.

Lima, Monasterio de San Francisco, avec pigeons, enfants et une manif de syndicats dans le fond


Le couvent date du 16ème siècle. A l´intérieur, il y a notamment une peinture murale du Dernier Repas, avec les disciples qui mangent du cochon d´inde grillé et boivent du vin dans des coupes incas en or.

Mais ce qui attirent les foules, c´est les catacombes, à 20 metres sous terre, qui contiennent plein de puits ou on jetait les corps des pauvres, servants et esclaves jusqu´en 1821.

On est donc allés voir la fameuse crypte. Au moment où on est entrés, les lumières se sont toutes éteintes d´un coup. Coupure d´électricité... Il restait juste une ou deux lampes de sécurité par ci par là.

je vous jure. On se serait crus dans un film d´épouvante. Timing qui tue! La guide a demandé à ceux qui avaient des portables si ils pouvaient les rallumer pour qu´on voie ou on mettait les pieds.

On a donc visité la crypte dans la pénombre. Les archéologues ont classé et organisé les centaines d´os et les ont mis dans des bacs... On a vu les puits où ils jetaient les corps.

Ca aurait dut etre lugubre comme visite mais Sri et moi avons trouvé qu´on se sentait particulièrement bien dans ce sous sol et dans tout le monastère d´ailleurs.

Il y avait une bonne atmosphère. Peut-etre que c´est parceque c´est un couvent, avec des femmes qui sont là pour faire le bien, depuis des siècles?

En tous cas, on a pas rencontré de fantomes, malgré les suggestions des autres guides!

On a ensuite commencé notre épopée Péruvienne en faisant 8 heures de bus jusqu´à Huancayo. Magnifiques paysages. La dernière heure de trajet a éte dure ceci dit. On avait tous les deux mal à la tete et la nausée.

Ca a duré jusqu´au lendemain matin, après quoi on s´est rendus compte qu´on était passé de 0 à plus de 3000 metres d´altitude en une journée! Normal...

Huancayo, vues de l´hotel


Les chapeaux des Péruviennes... classe!


Resto tout en haut de l´hotel


Manif pour la police

(les panneaux lisent: les policiers sont tes amis, respecte-les), peut etre resultat dún manque de confiance de la population?

Plaza de Armas



Le soir tombe sur Huancayo


On a un peu promené dans la ville quelques jours avant de reprendre le bus, de nuit cette fois, pour Ayacucho.

Autant dire qu´on a pas dormi. Le conducteur avait décidé de mettre de la musique traditionelle à fond tout le long. Je l´entendais encore en sortant du bus.

On s´est écroulés au lit à 5 heures du matin. On est restés jusqu´à présent a Hostel Mesón, une jolie petite hacienda dans le centre ville.

Ayacucho, vue du toit de l´auberge






Petit jardin derriere l´auberge




notre rue et sa coccinelle attitrée - Calle de Buena Muerte


Plaza de Armas


Centre ville




J´ai eu de la fièvre plusieurs jours et Sri s´est bloqué le cou, donc on a larvé jusquà présent. On a commencé à prendre nos habitudes (plus de 5 jours quelque part, et on a l´impression d´y avoir toujours vécu!).

On a notre petit café attitré local. J´aime bien. Ca fait du bien d´etre dans un café qui sans touristes (sauf nous!). L´atmosphère y est plus typique et vraie.

Bon sur ce, c´est bientot l´heure de manger. Je dois aller chercher nos habits propres à la laverie.

besitoooos et a tres bientot

emmeline